Expositions récentes
Ludovic Boney
Yahwatsira’ / Rassemblement familial / Family Gathering
6 septembre - 14 decembre 2024

L’installation artistique de Ludovic Boney intitulée yahwatsira’ / Rassemblement familial / Family Gathering offre une expérience puissante et immersive qui transforme notre perspective de l’espace et du temps. L’artiste amalgame habilement la nostalgie, les souvenirs et l’introspection dans un passage mémoriel qui souligne l’importance de la communauté, de la famille et des plaisirs simples de la vie. Une scène inattendue accueille le visiteur à l’intérieur d’un abri temporaire pour voitures. Des décors domestiques familiers se succèdent dans la structure soigneusement choisie par l’artiste pour ses similitudes avec les maisons longue de la Nation Huronne-Wendat. À Québec, les abris temporaires n’ont pas qu’une fonction protectrice face aux conditions hivernales difficiles : ils sont devenus des symboles emblématiques du paysage hivernal unique et une partie intégrante du tissu culturel local.
Bien que les Tempos et les maisons longues relèvent de types de constructions et de contextes culturels différents, ils se rejoignent dans leur rôle de refuge. Les longues maisons de Wendake étaient des habitations traditionnelles, servant de structures multifonctionnelles pour s’abriter, se garder au chaud et se réunir en communauté. Elles représentaient l’hospitalité familiale traditionnelle et étaient au cœur des pratiques culturelles et sociales. Aujourd’hui, ces maisons longues préservent et expriment les traditions des Wendats, permettant aux visiteurs de découvrir leurs pratiques ancestrales. Ces maisons longues ont joué un rôle essentiel dans la préservation des traditions et des connaissances culturelles des Wendats, en servant de centres d’activités culturelles et cérémonielles, et en préservant leur identité culturelle au sein de la communauté.
Ludovic Boney est connu pour ses projets d’art public à grande échelle qui suscitent l’émerveillement et la curiosité. L’art public est depuis longtemps considéré comme un catalyseur de l’expression culturelle, de la revitalisation urbaine et de l’engagement communautaire. Cependant, il est important de reconnaître qu’il peut parfois être perçu comme impersonnel et dépourvu de connexion. En créant une expérience multisensorielle avec Rassemblement familial, Boney nous invite à s’immerger dans une œuvre d’art qui éveille des souvenirs et provoque un sentiment de nostalgie.L’installation nous fait revivre les moments précieux partagés avec nos proches, les rires qui résonnent dans nos réunions de famille et les plaisirs simples porteurs de joie. L’artiste nous invite à apprécier le sens de la communauté et le pouvoir de la connexion humaine.
Ludovic Boney est né en 1981 à Wendake, un village huron près de la ville de Québec, où il a grandi et fait ses études.Après avoir terminé ses études en sculpture en 2002, il a cofondé l’atelier artistique Bloc 5 avec quatre autres artistes et y a réalisé ses premiers projets d’art public, tant en solo qu’en collaboration. Ses projets d’intégration d’art public comptent des œuvres à Québec pour le Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée de la civilisation et l’hôtel de ville. Ludovic participe fréquemment à des événements de renom tels que la Biennale de Bonavista, la Biennale d’art contemporain autochtone et la Manif d’art de Québec. Le Musée Huron-Wendat a présenté sa première exposition solo muséale intitulée « Mémoires ennoyées » en 2022. Sélectionné pour la liste longue du prix Sobey en 2017, il est également récipiendaire de la bourse Reveal offerte par la Fondation Hnatyshyn.
Solomon Enos
Résistez avec amour : Les Xtopias de Solomon Enos
commissaire : Skawennati
21 juin au 17 août 2024

Solomon Enos, Kū‘ē me ke aloha - Résistez avec amour, 2023
Vaste et exubérant : Les imaginaires futuristes de Solomon Enos par Jason Lewis
« Aloha! Je m’appelle Solomon Enos. Je suis artiste, illustrateur et concepteur de jeux. Ça, c’est moi aujourd’hui. Demain s’y ajouteront, peut-être, d’autres titres. Le jour suivant, j’en aurai peut-être moins. [rires] En fait, je suis surtout un “métamorphe,” dans son sens le plus pratique. » [rires]
C’est ainsi qu’Enos s’est présenté lors de notre entretien de 2017. Ces termes reflètent encore une grande partie de ce que je trouve provocant, fascinant et joyeux dans sa pratique, un volume de travail stupéfiant sur de multiples supports, remarquable par son inventivité, son étendue et sa générosité. Il décrit sa pratique comme une conversation avec sa communauté à Hawai'i qui, entre autres choses, cherche à créer un espace pour raconter les histoires du passé lointain et de l’avenir encore plus lointain des Kānaka Maoli. Les œuvres de Résister avec amour : les Xtopies de Solomon Enos ne sont qu’un petit échantillon de ses futurs imaginatifs et exubérants.
L’exposition présente trois œuvres de la série Akua AI d’Enos. « Akua » est un terme ʻŌlelo Hawaiʻi qui est souvent traduit (de manière quelque peu inadéquate) par « dieu » ou « esprit ». Dans la cosmologie hawaïenne, les 40 000 akua ont des caractéristiques, des rôles et des sphères d’activité précises (bien que parfois multiples). Qu’il s’agisse de faire l’amour, de faire la guerre, d’accoucher ou de chasser le poulpe, il y a un akua qui intervient dans ces activités et qui en est responsable.
Enos décrit Akua AI comme des expériences de « réalisme magique, où d’anciennes divinités commencent à se télécharger dans les royaumes numériques pour défier les nouveaux dieux de la désinformation et de l’avidité ». Ces divinités sont apparues pour la première fois lorsque les gardiens du savoir et les érudits Kānaka Maoli ont commencé à numériser le vaste ensemble de journaux en langue hawaïenne publiés entre 1834 et 1948. À mesure de l’intégration au cyberespace de ces textes, les akua qu’ils décrivent ont pris forme dans l’espace virtuel, s’adaptant à son architecture informatique. Ils ont ensuite développé des avatars d’intelligence artificielle pour accompagner les Kānaka Maoli dans leur démarche et élargir les pratiques du savoir hawaïen à ce nouveau territoire.
Enos est un grand amateur de science-fiction, et Akua AI se nourrit de la trilogie Sprawl de William Gibson et de American Gods de Neil Gaiman. Gibson a inventé le terme « cyberespace », qui apparaît dans le premier roman de la trilogie Sprawl, Neuromancer (1984). Dans le second, Count Zero (1986), il imagine une IA mondiale émergeant du cyberespace sous la forme d’avatars inspirés des loa (esprits) de la tradition vaudoue haïtienne. Dans ce récit, l’IA choisit ces avatars pour faciliter la communication avec ses créateurs humains au-delà des différences profondes d’appareils cognitifs.
Enos s’inspire de Gaiman pour explorer la façon dont les nouveaux dieux naissent et les anciens disparaissent, et comment ils migrent tous d’un territoire à l’autre. Dans le roman American Gods (2001), Gaiman examine comment les dieux ont besoin de croyants pour exister, et donc comment leur pouvoir croît et décroît en fonction du nombre de ces croyants et du degré de leur ferveur. Il imagine de nouveaux dieux naissant parallèlement à de nouveaux systèmes de croyances, tels que ceux qui alimentent les fantasmes d’exceptionnalisme industriel-technomédiatique américain, à mesure de leur apparition.
Les Akua AI d’Enos sont d’anciens dieux qui se déplacent vers de nouveaux territoires. Kāne est l’akua de l’eau douce et de la lumière, et son avatar IA utilise son ʻōʻō (bâton pour trouver de l’eau) pour creuser dans le sol (le substrat) du cyberespace, apportant vitalité et abondance pour contrer la destruction provoquée par le techno-solutionnisme égoïste de la Silicon Valley. Hina est la déesse de la lune, de la maternité et de la fabrication du kapa (vêtement d’écorce). Elle possède un i'e kuku (massue à rainures permettant de battre les fibres végétales résistantes pour les rendre lisses). L’i'e kuku de l’IA Hina présente des 0 et des 1 plutôt que des rainures, et elle s’en sert pour battre le tissu du cyberespace afin de « retravailler la tapisserie de l’histoire humaine en perturbant les réseaux de communication mondiaux et locaux des extrémistes de droite, des suprémacistes blancs et de toutes les formes que prennent les dictateurs autoritaires et les démagogues ». Enfin, Mo'oinanea est la mère de tous les mo'o : les lézards qui gardent l’eau douce et qui sont aussi les conteurs. Dans le cyberespace, les données sont l’eau qui nourrit tout, et l’IA Mo'oinanea veille donc à la qualité des informations qui circulent dans les espaces virtuels, en luttant contre la désinformation et l’utilisation abusive des données personnelles, tout en veillant à ce que les mo'olelo traditionnels trouvent leur place dans ce nouveau monde et à ce que de nouveaux mo'olelo soient créés pour répondre à l’évolution de la réalité.
Enos ouvre des discussions avec sa communauté sur les grands défis de notre temps, comme l’IA, d’une manière enracinée à Hawai'i. Il espère que la série Akua AI incitera également d’autres communautés autochtones à incorporer leur akua, ou leur façon de donner un sens au monde, dans ces nouveaux territoires virtuels, numériques et informatiques. Comme il le souligne, « il semble parfois que notre espèce en sache davantage sur la construction de fusées que sur la signification de l’être humain ». En ce moment, en 2024, nous en savons beaucoup sur la construction de machines d’extraction et d’exploitation. Peut-être que l’Akua AI d’Enos peut nous montrer comment les créer autrement, de manière à ce que nous nous connaissions mieux nous-mêmes alors que nous nous aventurons toujours plus loin dans un océan de données qui ne cesse de s’approfondir.
[Rires]
Cheyenne Rain Le Grande ᑭᒥᐘᐣ
Mullyanne ᓃᒥᐦᐃᑐᐤ
27 avril- 8 juin 2024

Mullyanne par Becca Taylor
Mullyanne, les mouvements de tes rubans me rappellent le coucher de soleil au bord du lac. La façon dont les couleurs pastel ondulent les unes dans les autres alors que les eaux calmes dansent en reflétant le ciel à leur tour. Dans mon enfance, j’ai visité un lac du nord de l’Alberta, qui n’est pas si différent du tien, et je peux sentir le calme et la fraîcheur qui émanent du bord de l’eau lorsque le soleil commence doucement à se coucher derrière l’horizon. Chaque fois que je quitte les prairies, la nostalgie du ciel m’envahit. C’est probablement la raison pour laquelle je ne pars jamais longtemps.
Mullyanne, la lumière pastel atténuée, le mouvement doux et la tendresse me font passer d’un état à l’autre. Comme le littoral d’un lac qui bascule entre la réalité et un état second. Un état de rêve. Je passe du temps plongé dans ta réalité, mais je reviens dans mon propre corps en tant que témoin. Différentes réalités se rejoignent pour former une communauté, une histoire, une interprétation. En ce moment même, j’écoute la tienne et j’en suis témoin. J’apprends en te regardant entrer et sortir de l’espace.
Mullyanne, les perles qui ornent ton visage me rappellent les paroles de l’érudite métisse Sherry Farrell Racette. Elle explique que « le langage, le symbolisme et la continuité des pratiques ont permis de transmettre d’anciennes significations à de nouvelles formes; plutôt que de marquer un déclin de la culture matérielle, ils illustrent le travail important des femmes dans la création et la synthèse des systèmes de connaissances ».[1] Bien que ses recherches se sont concentrées sur les perles, les fibres et le tissu, je vois la continuité d’une pratique dans les languettes de Bepsi et les plates-formes des mocassins. La façon dont la langue et la compréhension de ta culture sont intégrées dans la structure des vêtements, telle une vitrine de la fluidité, de la survie et de l’adaptation des conceptions culturelles et du transfert de connaissances. La façon dont chaque article est unique, mais aussi composé d’enseignement de nos ancêtres.
Mullyanne, le caractère futuriste de tes matériaux me rappelle les mots de l’auteure d’origine anishinaabe et européenne Grace Dillon et de l’auteure métisse Chelsea Vowel entourant le concept de futurisme autochtone.[2] Grace Dillon souligne que le futurisme autochtone est « la façon dont on est personnellement affecté par la colonisation, en se débarrassant des bagages émotionnels et psychologiques portés par son impact, et en récupérant les traditions ancestrales afin de s’adapter à notre monde à la fois post apocalyptique et autochtone ». Chelsea Vowel souligne : « Les futurismes autochtones ne sont pas simplement synonymes de science-fiction et de fantaisie, même s’ils sont perçus comme tels par le grand public. Les futuristes autochtones expriment leurs principes ontologiques sous diverses formes et, comme le dit Grace Dillon, “nos idées sur le corps, l’âme et l’esprit sont des histoires vraies, pas des formes de fantaisie”. »[3]
Mullyanne, je suis entourée par la langue. Des lettres syllabiques sur le mur. Le doux écho de ta voix qui chante une chanson reconnaissable, que je comprends même si je ne connais pas les mots nēhiyawēwin pour chanter avec toi. C’est un enchantement et un réconfort. Tu partages avec moi des visions de cristal. Contrairement à Stevie Nicks, tu ne gardes pas ces visions pour toi, mais tu les partages avec nous. Un avenir centré sur les systèmes de connaissance des Nehiyaw Isko, la langue et le ciel des prairies.
[1] Sherry Farrell Racette, « My Grandmothers Loved to Trade: The Indigenization of European Trade Goods in Historic and Contemporary Canada », Journal of Museum Ethnography, No. 20 (mars 2008): 77
[2] Le terme « Futurisme autochtone » a été utilisé pour la première fois par Grace Dillon en 2003. Les futurismes autochtones ont été utilisés pour décrire un mouvement au sein de l’art et des médias qui reflète les perspectives autochtones sur l’avenir, le présent et le passé.
[3] Chelsea Vowel, « Writing Toward a Definition of Indigenous Futurism », Literary Hub. Juin 2022 https://lithub.com/writing-toward-a-definition-of-indigenous-futurism/
Cedar-Eve
Mnidoo Gamii
27 avril- 8 juin 2024

Cedar Eve : Mnidoo Gammi
Par Chalsley Taylor
L’énergie ne meurt jamais, elle ne peut que se transformer. Il existe de multiples sphères d’existence et, dans la mort, notre esprit ne fait que passer à une autre sphère. Mnidoo Gammi, la première exposition solo de Cedar Eve, affirme les liens qui se maintiennent au-delà des innombrables frontières; nous y rencontrons à la fois ceux qui sont présents dans notre univers physique et ceux qui l’ont quitté.
La mère de Cedar Eve vit à Toronto, où l’artiste a grandi, mais elle est originaire de la Première Nation de Saugeen. Son père est originaire du territoire non cédé de Wikwemikong. Ainsi, Mnidoo Gammi (autrement appelée la baie Georgienne) est le lieu de la lignée de l’artiste. Le territoire maternel se trouve au bord du lac Huron, le long de la péninsule de Bruce; Mnidoo Gammi est l’étendue d’eau qui relie cette péninsule à l’île Manitoulin, où se trouve Wikwemikong. Mot anishinaabemowin pour « Lac de l’Esprit », cette eau évoque dynamiques interrelationnelles qui se répercutent tout au long de l’exposition, situant les conversations générées entre ses pièces. Nous sommes spectateurs de la construction harmonique des stratégies procédurales de l’artiste à travers divers médiums qui traduisent des gestes d’attention, d’interconnexion et de jeu. Dans son langage visuel distinct, il n’existe que peu ou pas de limites entre les entités que nous observons, qu’elles soient humaines ou autres; les esprits représentés dans des formes vibrantes et abstraites se fondent les uns dans les autres.
Cedar considère la communauté comme un élément central de sa pratique, soulignant qu’elle en a été privée au cours de ses premières années de vie.[1] Dans ses œuvres, des entités spirituelles grandissantes s’insèrent souvent dans les espaces autour ou entre les sujets photographiés, leurs membres se courbant pour étreindre des amis, des membres de la famille ou Cedar elle-même. Leur présence semble protectrice ou réconfortante; parfois, leur tête s’incline vers l’intérieur pour s’appuyer sur celle d’un être cher.[2] Spirit Stitch, œuvre composée d’oreillers en coton représentant le portrait des parents de Cedar, associe la famille et les soins de rétablissement. Offrande au monde du rêve de l’artiste, la collection oscille entre le physique et le métaphysique. Ayant l’habitude de faire des rêves intenses et vifs, l’artiste remarque qu’elle se réveille parfois en ayant l’impression de ne pas s’être reposée du tout. Il était fréquent qu’elle et son frère, Zach (ba), fassent des rêves similaires la même nuit, bien qu’ils vivent loin l’un de l’autre.
Le lien entre le physique et le métaphysique est repris dans Honouring the Dead, une série représentant des êtres chers « appelés à poursuivre leur voyage spirituel ».[3] La création de ces œuvres offre à l’artiste une méthode constructive pour surmonter son deuil, puisqu’il s’agit d’un acte de réflexion et de communion avec les personnes décédées. Cedar est en dialogue avec ces personnes lorsqu’elle habille leur photographie d’un torrent de souvenirs, de sorte que les œuvres achevées constituent des dispositifs mnémotechniques, réveillant furtivement des histoires à la fois douloureuses et humoristiques. Cependant, comme elle le précise, Honouring n’a pas pour but de mettre l’accent sur le traumatisme de la perte, citant son utilisation délibérée de couleurs vives pour produire une beauté complexe. Comme dans Spirit Stitch, Honouring décrit la lignée de Cedar depuis son point de vue; concrétisée dans ces œuvres, cette lignée échappe à la division entre les liens du sang et la famille choisie. Dans cette série d’archives, que la commissaire Cécilia Bracmort décrit comme « un autel visuel », l’artiste combine le perlage et la photographie, deux techniques qui, comme le note Bracmort, « sont liées à la notion de temps : un temps allongé pour la première et l’instantané (snapshot) pour la seconde ». [4]
Les œuvres de Mnidoo Gammi marquent clairement le temps en même temps qu’elles le démantèlent. Cedar reprend souvent les pratiques des archivistes à son avantage, comme en témoigne Cedrus Annum, une série d’autoportraits quotidiens. Il s’agit ici d’examiner la manière dont ces pratiques refusent les prescriptions des sciences archivistiques historiques et défont leur autorité. L’artiste contrôlant ce qui peut et ne peut pas être discerné, comment devrions-nous (comment pouvons-nous) imposer des structures organisationnelles au-delà de la chronologie? Comment les différentes parties doivent-elles être catégorisées, nommées et définies? Dans une certaine mesure, Cedrus Annumfonctionne également comme une histoire personnelle, dont la principale modalité est le jeu. L’artiste déjoue nos tentatives de déchiffrer les moments (et les personnes) enregistrés dans ces images. Dessinant sur les photographies instantanées pour contrôler notre vue, elle ajoute des visages ou des blocs de couleur à certaines d’entre elles; ailleurs, de petites marques apparaissent dans des motifs décoratifs. D’autres portraits sont présentés sans aucune modification.
Comme Cedar Eve éclaire, obscurcit et transforme à volonté, son travail insiste sur la nature indélébile des relations qui lient l’artiste à sa communauté, à sa famille et à son Moi passé. Bien que les œuvres de Mnidoo Gammi soient profondément personnelles, elle extrapole l’intime en visions singulières de connexion interrelationnelle, de communication et d’autoreprésentation. Après cette rencontre, le temps peut être perçu par nous-mêmes comme un élément transformable.
[1] Usher, Camille. Relations, 2016, 36–41.
[2] Représenté dans Cedar Eve, Nokomis/Zigos (Grandma/Auntie), tiré de « Honouring the Dead », 2012.
[3] Michael “Cy” Cywink, entretien privé avec Cedar Eve, mars 2024.
[4] Cécilia Bracmort, entretien privé avec Cedar Eve, avril 2024.
Les activités de daphne ont lieu en territoires non cédés. C’est avec fierté que nous participons à la vie de cette île appelée Tiohtià:ke par les Kanien’kehá:ka et Mooniyang par les Anishinaabe alors que ce territoire urbain continue de représenter un lieu de rassemblement florissant pour les peuples, à la fois autochtones et allochtones.
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