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galerie 1:
Brenda Mallory: ᎬᏅᎯ ᎨᏍᏒ ᎡᎶᎯ ᎣᏨᏍᏏᏰᏗᎢ / gvhnvhi gesv elohi otsvsiyediʔi / Marcher dans un monde entrelacé
17 mai - 2 août, 2025
vernissage en présence de l'artiste le 21 juin 2025

« Quelque chose qui ressemble à un tout »
par by Lois Taylor Biggs
De loin, il est difficile de dire si les vrilles bronzées et ramifiées qui composent Adaptive Connections (ᎠᎵᎪᏍᏒ ᎦᏁᏟᏴᏍᎬ) de Brenda Mallory sont solides ou souples. Se fracasseraient-elles au toucher comme du corail fragile, ou épouseraient-elles la main comme les tiges d’une plante ?
Elles sont fabriquées en flanelle cirée ; elles sont plus solides qu’elles n’en ont l’air. Chacune des sept grappes est maintenue en son centre par du feutre noir, des écrous et des boulons. S’agit-il de points de constriction industrielle ou de marques de convergence créative ? Quoi qu’il en soit, les vrilles se ramifient au niveau de la couronne et de la racine. Elles pendent sur le sol, suggérant un système complexe qui ne peut être contenu.
Mallory s’intéresse à ces systèmes — de culture, de mémoire, de biologie et de forme. Elle est consciente de leurs failles et curieuse des étranges combinaisons de pensées et de matériaux qui peuvent se former lors de leur réparation. Plutôt qu’une réparation parfaite, elle est attirée par une recréation évolutive. Dans son essai de 1995 intitulé « Paranoid and Reparative Reading » (Lecture paranoïaque et réparatrice), la spécialiste de la littérature Eve Sedgwick évoque des dynamiques similaires. Plutôt que d’opérer dans un état de paranoïa, en considérant un texte — ou le monde — comme un assemblage de « pièces-objets “fragmentées, elle suggère que nous assemblions un objet intégré et durable avec les fragments que nous détenons —” quelque chose qui ressemble à un tout »1. Marcher dans un monde entrelacé s’inscrit dans cette veine, en portant une attention créative aux mystères de l’interconnexion.
Nouvelles Sorties (ᎢᏤᎢ ᎤᏙᏢᏍᏒ) se compose de bobines de film 16 mm récupérées dans une décharge d’une installation de transfert de déchets. Mallory les manipule pour en faire des récipients d’un noir brillant. Ces formes rappellent le mythe médiéval de l’oie bernache : autrefois, les érudits et les chefs religieux croyaient que les oiseaux communs noirs et blancs émergeaient des crustacés du bord de mer. Quels organismes pourraient émerger de ces bobines de film enroulées (ou des coquillages articulés, des croissants de bronze et des nacelles en grappe de la galerie) ? S’agit-il de nouvelles formes de vie, de « nouvelles sorties » ? Il est facile de les imaginer glissants le long d’une surface, s’inclinant dans différentes directions, chuchotant l’un à l’autre par des bouches noires. Ils sont étranges et comiques, parlant moins de reconstruction que d’étranges reformulations.
Mallory reconnaît que, lorsqu’il est nécessaire, l’enchevêtrement perturbe tout en soutenant. Avertissements (ᏗᏓᏕᏯᏙᏗᏍᎩ), un ensemble de 14 formes en tissu et en cire suspendues à des chaînes métalliques hante l’espace. Des touffes d’un blanc pâteux dessinent des empreintes noires béantes ; les sculptures se balancent dans l’air, suffisamment écartées pour que l’on puisse marcher entre elles. L’œuvre parle à un niveau viscéral : restez à l’écart, approchez-vous, quelque chose ne va pas ici. Enfant, dans l’Oklahoma, Mallory voyait souvent des carcasses de coyotes accrochées aux clôtures de fil barbelé. Avertissements (ᏗᏓᏕᏯᏙᏗᏍᎩ) fait référence à cette mémoire, à la marque de la propriété privée et à ses conséquences violentes. Les formes désaxées, carcérales, sont les objets incontournables d’un ensemble troublé.
Tout au long de l’exposition, on a le sentiment subtil d’avoir un mot ou une image sur le bout de la langue. Enregistrer et mémoriser (ᎯᏝᎲᎦ ᎠᎴ ᎭᏅᏓᏓ) matérialise cela. La toile cirée, le feutre et la corde cirée font référence aux ceintures wampum utilisées par les Autochtones pour conserver leurs histoires et leurs liens diplomatiques. Le dessin géométrique incrusté dans ses « perles » cireuses est à peine lisible, orange clair sur orange carbonisé. Mallory l’associe à des langues en voie de disparition qui échappent à notre compréhension. D’une certaine manière, il évoque l’exposition dans son ensemble : l’enchevêtrement de la vie est la réalité la plus évidente et, trop souvent, la plus difficile à saisir. Mais avec le temps et l’attention, son image émerge.
Dans Marcher dans un monde entrelacé, Mallory envisage une interconnexion à la fois étrange et banale, difficile à manier et réconfortante. Ses toiles de vie contiennent le fossé qui nous fait trébucher, le filet qui nous rattrape et le rire qui résonne lorsque nous retrouvons nos marques. Ils sont déchirés par endroits et réparés à d’autres, mais pas toujours de la manière que l’on souhaiterait. À Daphne, Mallory nous guide à travers le « monde entrelacé » grâce à son imagination matérielle, à son langage abstrait et à son sens de l’ensemble vaste et durable.
1 Eve Kosofsky Sedgwick, “Paranoid and Reparative Reading, or, You’re So Paranoid, You Probably Think This Essay Is About You,” in Touching Feeling (Duke University Press: Durham, 2002), 128.
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